Chaque année, à la même époque, surgissent dans les bois des bouquets de fleurs et chaque année, il me faut avoir recours à PlantNet ou à des livres de reconnaissance pour les identifier. Parmi eux J’ai vu une fleur sauvage l’ouvrage du regretté Hubert Reeves ,( que j’ai souvent évoqué: K53, 107, 194 et 249 à retrouver en utilisant le moteur de recherche ci-dessous) un florilège modeste et indispensable, nous invitant à contempler de près des fleurs si communes et de si petite taille qu’elles passent inaperçues ou même qu’on les piétine sans les voir.

   Dans les bois, au bord du sentier, on peut voir aux premiers jours du printemps, de véritables tapis de délicates fleurs blanches, parfois teintées de rose ou de violet, de cinq à neuf pétales ovales finement nervurés. Ces renonculacées profitent de la lumière avant que les feuillages des arbres obscurcissent les sous-bois. Ce sont les anémones Sylvie dont Hubert Reeves nous indique que « comme toutes les fleurs, elles s’ouvrent au soleil, mais elles ont aussi la particularité de suivre sa course. Les biologistes nous apprennent qu’en réfléchissant les rayons ultraviolets, invisibles à nos yeux, elles se rendent plus visibles aux insectes pollinisateurs susceptibles de venir les butiner.  Et quand il pleut, elles se referment afin de protéger leur précieux pollen. » Je n’avais pas fait le rapprochement entre anémone et anémomètre, cet instrument qui mesure la force du vent -puissant au moment où j’écris ces lignes!-. L’anémone désigne donc tout simplement la fleur qui s’ouvre au vent.

   En revanche, tout le monde connaît la pâquerette -modèle réduit de marguerite- qui envahit pacifiquement les pelouses et les prés à l’approche de la fête de Pâques à laquelle elle doit son joli nom. Je vous invite à vous étendre au sol, au sens propre au ras des pâquerettes, pour les observer de près: « Un chef-d’œuvre de miniaturisation végétale obtenu par une longue succession de générations et de sélections naturelles telles que Darwin a pu les décrire » écrit Hubert Reeves qui ajoute: « Dans la surface circulaire jaune orangé qui occupe la partie centrale du capitule, chaque fleuron est une fleur complète, à la fois mâle et femelle. Quant aux lamelles blanches, ou parfois rosées que l’on prend à priori pour des pétales, à la périphérie des fleurs centrales, ce sont aussi des fleurs qui sont uniquement femelles. » Si vous vous munissez d’une loupe, vous pourrez voir en effet que ce petit cœur jaune est constitué d’une multitude de fleurs en forme de tubes. Ce qui est fascinant, c’est que chaque fleur est vraiment unique, certaines aux « pétales » entièrement blancs, d’autres délicatement bordés de rose, violet ou parme. La pâquerette est comestible et, utilisée en plante médicinale pour soulager les hématomes, d’où son surnom de petit arnica. Il vous faudra un peu de patience -ou des doigts d’enfant- pour effeuiller les trente cinq « pétales » de la pâquerette.

   La pâquerette s’ouvre pour capter la lumière du soleil, et se ferme le soir ou en cas de pluie. Une fois qu’elle est implantée dans votre pelouse, vous pouvez être certain chaque année de la voir surgir dès les premiers jours du printemps, et elle vous survivra pour mériter son nom latin de bellis perennis, belle éternelle.

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