Cette semaine le quotidien « Libération » fête ses 50 printemps: un parcours parfois chaotique, avec des crises, des interruptions, mais toujours le désir d’être inventif, de donner une large place à l’humour, de bousculer les certitudes. 

   Je me souviens de ce premier numéro de « Libération » du 18 avril 1973 dont la Une est reproduite en fac-similé dans le hors-série « Libé 50 ans, 50 combats ». Mai 68 n’était pas loin et comme le dit Serge July, son emblématique directeur des débuts, «Libération c’est un enfant de 1968 et s’est mis à exister parce qu’on a traité une actualité que ne traitaient pas les autres. »

   Depuis un demi-siècle Libé a joué dans la presse française et même mondiale un rôle irremplaçable de précurseur et d’innovateur.

   C’est le premier journal à réserver la première place à la photographie et au dessin en Une du journal , donnant -entre autres- carte blanche à Raymond Depardon ou Sebastião Salgado. C’est encore aujourd’hui le quotidien qui publie le plus d’images. Et chaque année le «Libé des photographes» est en kiosque à l’occasion des rencontres photographiques d’Arles. Le beau livre qui vient d’être publié aux éditions du Seuil, «50 ans dans l’œil de Libé », raconte comment la photo irrigue le quotidien de ce journal.

   C’est le premier journal à mesurer l’enjeu de la déconstruction des Fake News en créant il y a 15 ans Désintox, un service à part entière de lutte contre la désinformation qui deviendra «CheckNews» en 2017 et sera imité par les autres journaux.

   C’est le seul journal à confier un numéro entier aux auteurs de bandes dessinées ou aux écrivains. Par exemple cette semaine le « Libé des écrivains », à l’occasion des 50 ans du journal, est investi par 50 autrices et auteurs autour de Giuliano da Empoli, l’auteur du prémonitoire «Mage du Kremlin».

   C’est le premier quotidien à mettre en valeur la culture Rock et à utiliser internet.

   Pendant un demi-siècle, Libé a été un journal engagé mais qui n’a jamais milité  pour aucun parti et n’a pas hésité à enquêter sur les dérives de la gauche au pouvoir. Comme le dit Dov Alfon, son directeur actuel, « le journalisme, c’est écrire quelque chose que quelqu’un de puissant quelque part ne veut pas voir publié. Forcément, cela doit passer par un journalisme d’investigation, par des faits qui sont révélés au lecteur. Dans ce domaine, je crois que Libération a fait ses preuves dès ses débuts. »

Contre les inégalités 

Pour la réduction du temps de travail

Contre Le Pen et l’extrême droite

Pour le mariage pour tous

Contre la peine de mort

Pour une fin de vie choisie 

Contre le racisme et l’antisémitisme

Pour la légalisation du cannabis

Contre les violences policières 

Pour un logement pour tous

Pour l’égalité femmes-hommes 

Pour l’accueil des migrants 

Pour le droit à la contraception et à l’avortement

Pour la défense de la liberté d’expression 

Pour une école égalitaire pour tous…

Plongez dans un demi-siècle d’engagements de Libé à la lecture du hors-série « 50 ans 50 combats » et de ses 50 unes les plus marquantes.

   J’ai toujours lu avec passion la presse quotidienne et hebdomadaire et même si j’ai été souvent infidèle à Libé, parfois irrité par certains de ses partis pris, je continue à aimer ce journal stimulant, n’hésitant pas à se remettre en cause, à être inventif dans sa manière d’aborder l’actualité. J’aime son humour décalé et sa une souvent originale, j’aime son côté joyeux et en même temps sa capacité à nous faire ressentir l’esprit du temps. Comme le dit Nicolas Demorand qui en a été le directeur : « Libé arrive à créer un silence. Quand il y a eu les attentats, cette une recto-verso avec la foule: «Nous sommes un peuple», ce sont des moments où aucun autre journal ne peut faire ça. Aucun autre journal n’a cet impact dans l’espace public. »

   Nous n’avons jamais eu autant besoin d’une presse libre, qui nous alerte sur l’état du monde, sur ses injustices, qui donne à la jeunesse le désir de vivre 50 ans de plus sur une planète si belle et si fragile.

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