J’ai confié à plusieurs reprises les clés de mon kaléidoscope, en particulier à Claudie Gallay qui a confectionné le centième envoi en compagnie de Didier Pobel. Joël Vernet m’a confié à plusieurs reprises des textes inédits ainsi que Jean-Yves loude.

   Tous ces textes sont à retrouver sur ce blogue. Il vous suffit d’inscrire leur nom dans la case « rechercher » en bas de chaque kaléidoscope.

   Cette semaine, c’est mon ami Pierre Guinot-Deléry, que certains d’entre vous ont connu à Vienne à la fin du siècle dernier, qui prend le relais pour nous alerter sur une forme de maltraitance animale dont j’ignorais l’existence. Merci de ce regard.

 « C’est comme notre enfant ». Ainsi s’exprime une certaine Manon (22 ans) à propos de son bouledogue français dont elle poste régulièrement les photos sur Instagram. Une phrase citée par des étudiants du Centre de formation des journalistes sur leur site internet.

   Les relations fusionnelles entretenues, parfois au-delà du raisonnable, avec les animaux de compagnie ne constituent pas un phénomène nouveau. En revanche, dans ce cas particulier, ce qu’exprime cette jeune femme ne relève pas seulement d’un sentimentalisme excessif. En fait, cet attendrissement aux échos quasi-maternels renvoie à une forme de plus en plus répandue de maltraitance animale dont s’inquiètent un certain nombre d’articles ou de reportages publiés ces dernières années mais qui ne semblent pas avoir retenu l’attention du grand public autant qu’on aurait pu le penser.

   Les principales victimes de cette tendance sont des chiens à faciès écrasés dont les plus représentatifs sont les bouledogues français ou anglais, ou encore les  carlins. Sous prétexte d’être considérés comme « mignons », et de devenir les vedettes des réseaux sociaux concurrençant, par exemple, les chatons pianistes, ils sont les cibles de manipulations génétiques visant à aplatir et raccourcir leurs museaux. Un marché juteux au sein duquel prospèrent des professionnels (éleveurs, vétérinaires) peu scrupuleux.

   Conséquences de cet engouement et de ces pratiques douteuses : transformer l’existence quotidienne de ces animaux en enfer.

   Le symptôme le plus répandu est celui d’une insuffisance respiratoire chronique. Soit elle est traitée par le biais d’opérations coûteuses et douloureuses, soit elle réduit la capacité du chien à se déplacer, ou, plus simplement, à respirer même au repos (on considère que la moitié des chiens à museau court respire mal). Par ailleurs (on hésite à en sourire), le fait que ces animaux émettent des ronflements en dormant, constitue un élément d’inconfort pour leurs maîtres et donc… un motif d’abandon.

   Au-delà, ces évolutions contre-nature entraînent des dizaines de maladies génétiques ou d’anomalies. Pour ces dernières, signalons que 90% des grossesses donnent lieu à césarienne, la tête des chiots devenant trop grosse pour le bassin des femelles. 

   Enfin, ces phénomènes n’atteignent pas que les races à faciès écrasé. Ainsi, chez les sharpei, l’accroissement provoqué des plis qui les caractérisent peut conduire à des cas de cécité lorsque la peau vient frotter sur l’œil.

   Au final, pour nombre de ces catégories de chiens, la réduction de l’espérance de vie a pu atteindre des proportions spectaculaires pouvant aller jusqu’à -50%.

   Sur le thème de la maltraitance animale, abattoirs, corridas et cirques occupent le haut du pavé des polémiques. Ce qui précède ne prête pas aux mêmes joutes. Il n’y a ici à défendre ni habitudes alimentaires, ni traditions ancestrales. Les comportements dont il est question ne sont que le reflet, ou le point de convergence, de dérives très contemporaines. Rien n’indique pourtant, hélas, qu’il soit pour autant plus facile d’en guérir.  

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