Mathieu Vidard recevait ce vendredi 10 juin dans son excellente émission consacrée à l’avenir de notre (encore) belle planète, “La terre au carré” ( du lundi au vendredi à 14h sur France-Inter) Loup Espargelière, le rédacteur en chef de VERT, journal indépendant d’actualité en ligne sur l’écologie.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-vendredi-10-juin-2022-8748629


   Je dois avouer que j’ignorais l’existence de ce magazine d’éducation populaire au sens noble du terme: des articles courts et simples, mais aussi des reportages et enquêtes au plus long cours. 


   “Vert” ne recule devant aucun calembour: “Chasse réchauffe” est presque aussi bien que “Chasse discute” pour signaler la “sortie” sur RMC du président de la fédération nationale des chasseurs (dont on se souvient que la présence dans le bureau présidentiel avait provoqué la démission de Nicolas Hulot). Willy Schraen a estimé que la coïncidence entre la vague de chaleur et la campagne législative d’entre-deux tours étaient du “foutage de gueule”, “une vraie manip”. “On nous prend vraiment pour des cons”, s’est-il insurgé. “Il va faire beau pendant trois jours. Bizarre : on est entre le premier et le deuxième tour. On nous explique du matin jusqu’au soir depuis deux jours : “attention, l’écologie, machin”. Dites-le carrément, au niveau de la météo : “Votez la Nupes”, on va gagner du temps”, a réclamé le chef de file des chasseurs français devant des invités médusés, notamment l’économiste Thomas Porcher. Et la manoeuvre s’étendrait à l’international, avec, s’agace-t-il, des  “rapports du Giec qui sortent tous les trois jours, quand on est dans les élections, ça commence à bien faire”

   Le chef des chasseurs nous ouvre en effet des horizons nouveaux: Marie-Pierre Planchon, de météo-France et Jean-Luc Mélenchon même combat! D’ailleurs, vous avez remarqué ça rime riche!


   “Vert”, le média qui annonce la couleur, nous rappelle opportunément que l’association “Agir pour l’environnement” a réalisé un classement des députés selon leur vote en matière d’écologie. Sans surprise, les 100 dernières places sont occupées par les membres de la majorité présidentielle… actuelle. Ce n’est pas très étonnant quand on sait que l’état français a été condamné pour “Inaction climatique” par le tribunal administratif de Paris en novembre. 

 Dans la rubrique “Les marteaux des fossiles”, Vert nous invite à suivre les déplacements en jet privé de Bernard Arnaud, la troisième fortune mondiale: en un mois, son avion a consommé presqu’autant de CO2 qu’un Français en 17 ans. Et on ne sera pas surpris de constater que l’une des destinations de “L’avion de Bernard” est un paradis fiscal.   On peut s’abonner gratuitement à la quotidienne ou à l’hebdo de Vert. Ce média indépendant sans publicité, ayant le statut de média d’informations politiques et générales ( IPG ), peut à ce titre recevoir des dons défiscalisés dans le cadre de l’aide au pluralisme de la presse.

https://vert.eco/


Jean-Louis Trintignant, un de nos plus grands acteurs, était aussi un formidable passeur de poésie: il y a une dizaine d’années, déjà diminué par le grand âge et presque aveugle, il était monté sur les planches avec l’accordéoniste Daniel Mille et le violoncelliste Grégoire Korniluk, pour dire des textes de Vian, Desnos et Prévert, trois poètes libertaires qu’il affectionnait. Nous l’avions vu au théâtre de Vienne, émouvant de présence et de simplicité. Il avait tenu à dialoguer avec le public après le spectacle. Je le revois assis en bord de scène, face à nous, s’inquiétant d’avoir oublié un texte et nous le donnant à entendre. Son humilité, sa sincérité, son écoute et son attention nous avaient émus.
   On se souvient aussi qu’au moment de la remise de la palme d’or à Cannes au film de Mickael Haneke “Amour” où il était bouleversant de justesse, il avait simplement dit ces mots de JacquesPrévert: 

   “Il faudrait essayer d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple.”

la liste des textes dits ce jour-là par Jean-Louis Trintignant et les paroles d’un poème de Robert Desnos.

  • Dans ma maison, Après la pluie, Qu’y-a-t’il, Le chat et l’oiseau, Familiale, Un poète, Chaterrie, Bonjour chien, Histoire du cheval, Pater noster, 22 pièces pour Shakespeare pour violoncelle seul (Extr.), Ils cassent le monde, Prélude de la 1ère suite pour violoncelle seul, Tentative de description d’un dîner de tête à Paris-France (Extr.), Les fourmis, Les quatre sans cou, Etranges étrangers, Les mains pleines, Ile déserte, Couplets de la rue Saint-Martin, Place Sainte-Catherine, La Cène, Je voudrais pas crever, Adrien, Le retour au pays, Aujourd’hui je me suis promené, Aujourd’hui, Si les poètes étaient moins bêtes, Le déserteur, L’ ultimo giorno, A tous les enfants, L’ éléphant, Le dernier poème, Le paysage changeur (Extr.), Je mourrai d’un cancer de la colonne vertébrale, Deligny, Pourquoi que je vis, Les minots, Barbara.

Je n’aime plus la rue Saint-Martin
Depuis qu’André Platard l’a quittée.
Je n’aime plus la rue Saint-Martin,
Je n’aime rien, pas même le vin.

Je n’aime plus la rue Saint-Martin
Depuis qu’André Platard l’a quittée.
C’est mon ami, c’est mon copain.
Nous partagions la chambre et le pain.
Je n’aime plus la rue Saint-Martin.

C’est mon ami, c’est mon copain.
Il a disparu un matin,
Ils l’ont emmené, on ne sait plus rien.
On ne l’a plus revu dans la rue Saint-Martin.

Pas la peine d’implorer les saints,
Saints Merri, Jacques, Gervais et Martin,
Pas même Valérien qui se cache sur la colline.
Le temps passe, on ne sait rien.
André Platard a quitté la rue Saint-Martin.

Robert DesnosÉtats de veille, 1943

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *