Ce qui se passe depuis quinze jours en Ukraine ne prête pas vraiment à rire…Et pourtant, même dans les moments les plus terribles, l’humour ne perd pas ses droits.On se souvient que malgré la dictature stalinienne, les Russes osaient faire des blagues tournant en dérision leur tyran. L’humour juif, même après l’horreur des camps de la mort, ne désarmait pas. 

 En 1978, Philippe Meyer avait regroupé dans “Le communisme est-il soluble dans l’alcool?”, un recueil malheureusement épuisé, un florilège des blagues qui circulaient plus ou moins clandestinement en URSS:

 -“Quelle est l’histoire la plus courte?

– Le socialisme.

– Et la plus longue?

– Le chemin vers le socialisme.”


   L’humour a toujours été comme une planche de salut dans le naufrage pendant les conflits et la guerre en Ukraine n’échappe pas à la règle. 

 “Quand on rit, on se débarrasse de la panique. Nous deviendrions tous fous sans humour.” Dit Iryna Tyshko, dirigeante de l’ONG ukrainienne Women’s Political Action.Elle est citée dans un article de Margherita Nasi paru cette semaine dans “Le Monde” sous le titre: “Guerre en Ukraine: sur Internet, l’humour devient une arme.” 

 Sur Tiktok, les comptes des jeunes ukrainiens qui parlent de leur quotidien avec humour connaissent un énorme succès. Leurs vidéos décalées ont été vues des milliers de fois. 

 Depuis Zaporijia, dans l’est de l’Ukraine, à 18 ans Alina Volik poste des photos montrant l’adhésif appliqué sur ses fenêtres pour retenir les éclats de verre: “On est nombreux, dit-elle, à raconter notre quotidien sur les réseaux sociaux, en essayant de rester légers, voire drôles. On se sent moins seul en regardant d’autres personnes se réveiller au son des sirènes, vivre les mêmes choses que nous, et en rigoler pour dédramatiser » 

 « Parfois, je me sens coupable quand je ris, mais si tu es capable de rire, c’est que tu n’es pas dans un état si grave, c’est que tu peux te battre. L’humour est un signe de résilience », commente Raisa Ostapenko, 32 ans, doctorante à la Sorbonne. Elle nous confie qu’elle regarde en boucle la vidéo d’une femme qui interpelle un soldat russe, et qui lui lance : « Prenez ces graines et mettez-les dans vos poches, comme ça au moins des tournesols pousseront quand vous serez tous au sol, ici. » De l’humour noir assumé.

   Mon dernier kaléidoscope ( à retrouver ci-dessous : je serais ravi de découvrir vos commentaires) qui pointait, je me cite, “l’absence de réaction forte du pape face à la guerre en Ukraine” m’a valu plusieurs commentaires montrant que le pape ne reste pas inactif. Dont acte.

   Cependant, l’article de Cécile Chambraud dans Le Monde du 11 mars intitulé:

 “Guerre en Ukraine: les silences du pape sur la Russie”

 montre le manque de clarté de sa position:

   “Engagé dans un rapprochement historique avec le patriarcat de Moscou, le pontife a appelé à l’arrêt de la « guerre », mais n’a pas formellement condamné l’invasion russe.

     Le pape François appelle à l’arrêt de la « guerre » en Ukraine, mais un catholique qui n’écouterait que lui serait bien en peine de savoir qui l’a déclenchée. Depuis le début de l’invasion russe, le 24 février, le pontife argentin n’est pas resté inerte. Il a envoyé deux proches cardinaux en Ukraine. Il a déploré un « pays martyrisé » et demandé que « cessent les attaques armées ». Il s’est rendu en personne – fait sans précédent – à l’ambassade russe près le Saint-Siège au lendemain du déclenchement des hostilités. Mais de condamnation formelle de l’offensive russe, on ne trouve trace dans ses propos.

   Cette remarquable impasse sur les causes du conflit interroge jusqu’à Rome. Certes, le Saint-Siège a coutume de privilégier les discrètes missions de bons offices plutôt que les condamnations publiques. D’ailleurs, François a appelé dimanche 6 mars aux « négociations », précisant que le Vatican était « disposé à tout faire pour se mettre au service de la paix ». Le lendemain de sa visite inopinée à l’ambassade russe, il a appelé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. De son côté, le cardinal Pietro Parolin, numéro deux du Vatican, a téléphoné au ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et il a confirmé, mercredi 9 mars, être disponible pour une médiation.
   Mais cette omission à propos du rôle de la Russie dans le déclenchement de la confrontation militaire conduit aujourd’hui des observateurs à interroger la politique très volontariste de rapprochement avec l’Eglise orthodoxe russe poursuivie par le pape François, dont certains jugent le prix exorbitant. Son chef, le patriarche Kirill, a toujours affiché sa proximité avec Vladimir Poutine. Le 27 février, dans un sermon, il a qualifié de « forces du mal » ceux qui « combattent l’unité » entre la Russie et l’Ukraine. « Le Vatican n’a d’yeux que pour Moscou, affirme l’historien Antoine Arjakovsky, codirecteur du pôle politique et religions du Collège des bernardins. Ce n’est plus du tout équilibré, c’est même extrêmement dangereux. »

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