“Robert Doisneau ? Henri Cartier-Bresson ? Raymond Depardon ? Willy Ronis ? Ces noms ne vous sont évidemment pas inconnus. Et Vivian Maier ? On ignore l’œuvre de  cette artiste qui n’a pourtant rien à envier à ces noms prestigieux… sans jamais avoir exposé ses photographies…”
   C’est ainsi que je commençais  -il y a un an et demi déjà- mon 43e kaléidoscope à retrouver comme tous les autres sur ce blogue.Ce kaléidoscope rendait compte du très beau récit d’une vie que lui consacrait Gaëlle Josse, fascinée par le destin de cette femme née aux USA en 1926 d’une mère française et d’un père autrichien: Une femme en contre-jour (aujourd’hui réédité en collection de poche.) tente de percer le mystère d’un être humain qui va passer sa vie à s’effacer, à se dissoudre presque: “Son travail se focalise sur les visages, le portrait, et sur les exclus, les pauvres, les abandonnés du rêve américain, les travailleurs harassés, les infirmes, les femmes épuisées, les enfants mal débarbouillés, les sans domicile fixe.(…) Vivian est prête à capter l’insaisissable. L’éphémère. Saisir la lumière des choses avant qu’elle ne s’efface, selon le mot du poète Bashō, le maître du haïku.”
   Il s’en est fallu de peu qu’on ignore à tout jamais l’œuvre de cette femme taciturne et solitaire qui a été pendant plus de quarante ans gouvernante ou bonne à tout faire … et qui n’a jamais cessé de prendre des photos. Et quelles photos ! Ce n’est qu’en 2007, à l’occasion d’une vente aux enchères qu’un agent immobilier tombe par hasard sur près de  140 000 négatifs de Vivian Mayer dont la plupart n’avaient jamais été développés. Des photos prises à New York en 1951 et à Chicago à partir de 1956 et quasiment jusqu’à sa mort dans le plus total anonymat en 2009.      Mais réjouissons-nous ! Une grande rétrospective lui est enfin consacrée en France : depuis le 15 septembre et jusqu’au 16 janvier au musée du Luxembourg: on pourra, pour la première fois, découvrir des archives inédites, des films en super 8 jamais montrés.
   “Chez Vivian Maier,  écrit Gaëlle Josse, il y a la crasse de la rue, la saleté des vêtements tachés, déchirés, il y a des chaussures trouées et des enfants qui jouent dans le caniveau. Des femmes épuisées et des hommes à terre. Et aucune tendre nostalgie à la Doisneau, avec ses gamins rêveurs sur les bancs d’école. Nous sommes dans un réel saisi de face, de front, sans embellissement aucun.”   Et pourtant Vivian Maier n’a jamais appris. Comment s’y prend-elle pour avoir ce sens absolu du cadrage? Ce sens de la mise en scène, et presque de la chorégraphie de la rue? Où a-t-elle appris cet art de l’autoportrait décalé: son ombre sur un frigo, son reflet dans une vitrine ou dans un miroir?
   Merci à Anne Morin, la commissaire de l’exposition de redonner vie à cette artiste autodidacte …et énigmatique. À retrouver dans le documentaire d’Arte: https://www.arte.tv/fr/videos/105672-000-A/vivian-maier-de-l-ombre-a-la-lumiere/

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