Kaléidoscope 117: René-Guy Cadou . Loude. Heure solidaire et blog.

Il y a 50 ans, disparaissait Jean Giono que j’ai évoqué souvent ( K22 et 79..) mais ses livres sont plus vivants que jamais et j’aurai l’occasion de vous en parler à nouveau. Son œuvre est si riche que “mon Giono” n’est pas forcément le vôtre !
Mais je préfère célébrer aujourd’hui un poète cher à mon cœur ( voir K84) qui aurait eu cent ans en 2020 et que la camarde a fauché à 31 ans.
René-Guy Cadou a eu le pressentiment qu’il ne ferait pas de vieux os et a souhaité vivre intensément, “à pleine poitrine”.
Son enfance est au cœur de sa poésie et la nourrit. Instituteur et fils d’instituteurs, “sa vie d’adulte s’est confondue avec les cours de récréations, l’odeur de craie et celle de l’encre, les cris et les jeux d’écoliers.” Comme le dit Hélène, l’amour de sa vie rencontrée à Clissons en 1943 à qui il a consacré un recueil brûlant de vie et d’amour “Hélène et le règne végétal ” René-Guy Cadou ” n’a jamais oublié l’enfant qu’il a été ” et sa poésie semble couler de source: un langage direct, une poésie concrète, une familiarité qui est en même temps universalité, l’attention au quotidien et aux petites choses de la vie, une parole, c’est cela la poésie de Cadou.

Celui qui entre par hasard…

Celui qui entre par hasard dans la demeure d’un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque nœud du bois renferme davantage
De cris d’oiseau que tout le cœur de la forêt
Il suffit qu’une lampe pose son cou de femme
À la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d’abeilles
Et l’odeur de pain frais des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Qu’une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d’un arbre dans le matin.

Dans l’œuvre de Cadou, poésie et amour sont indissociables. Amour de la vie, amour de la nature, amour des autres, amour d’Hélène, elle aussi poète qui va lui rendre hommage tout au long de sa vie :
” Je sais aussi qu’il nous faut veiller, qu’il nous faut éviter de fermer les volets sur une vérité bientôt morte, que par-delà ce corps défait, par-delà cette apparente faillite du sang, tu es résolument du parti de la vie, que tu nous devances.”

Quel plus bel hommage à la femme aimée que ce poème qui porte le nom du recueil où il apparaît ?

Hélène ou le règne végétal

Tu es dans un jardin et tu es sur mes lèvres
Je ne sais quel oiseau t’imitera jamais
Ce soir je te confie mes mains pour que tu dises
À Dieu de s’en servir pour des besognes bleues

Car tu es écoutée de l’ange tes paroles
Ruissellent dans le vent comme un bouquet de blé
Et les enfants du ciel revenus de l’école
T’appréhendent avec des mines extasiées

Penche-toi à l’oreille un peu basse du trèfle
Avertis les chevaux que la terre est sauvée
Dis leur que tout est bon des ciguës et des ronces
Qu’il a suffi de ton amour pour tout changer

Je te vois mon Hélène au milieu des campagnes
Innocentant les crimes roses des vergers
Ouvrant les hauts battants du monde afin que l’homme
Atteigne les comptoirs lumineux du soleil

Quand tu es loin de moi tu es toujours présente
Tu demeures dans l’air comme une odeur de pain
Je t’attendrai cent ans mais déjà tu es mienne
Par toutes ces prairies que tu portes en toi.

Pour René-Guy Cadou ” La poésie n’est rien que ce grand élan
qui nous transporte vers les choses usuelles,
usuelles comme le ciel qui nous déborde.”

Les heureux habitants de Lyon et des environs vont retrouver avec plaisir notre ami Jean-Yves Loude le samedi 24 octobre à l’occasion de la sortie en Babel de Le roi d’Afrique et la reine mer.
Embarquement à partir de 14h à la librairie Le Rameau d’Or ( où j’aurai plaisir à vous retrouver) sur les traces du souverain malien Abou Bakari II qui a – peut-être – découvert l’Amérique près de deux siècles avant Christophe Colomb.

Du 17 au 25 octobre 2020, à l’occasion du changement d’heure, “Habitat et Humanisme” lance la 3ème édition de l’Heure Solidaire, qui invite personnalités, grand public et entreprises à se mobiliser pour donner une heure en don ou en temps, au profit des plus démunis !

Mon fils Quentin m’a offert pour mes 70 printemps ( et autant d’automnes) un blog sur lequel vous pourrez bientôt retrouver ma brassée de kaléidoscopes. Je l’alimente, petit à petit ( ceux que je cite aujourd’hui y sont) et je suis preneur d’idées pour le rendre plus vivant … et de vos compétences en informatique !

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