J’avais proposé, dans le cadre de l’Université populaire du pays viennois qui termine sa troisième saison, une modeste conférence sur les pouvoirs de la littérature. Pour les prochaines causeries – je préfère cette appellation moins pompeuse- que je vais proposer à des médiathèques, je pourrai ajouter un chapitre se nourrissant de l’exposition (et du livre) que j’évoquais dans mon kaléidoscope de la semaine dernière et qui se déroulera jusqu’au 22 septembre au magnifique musée de l’imprimerie et de la communication graphique de Lyon. ( www.imprimerie.lyon.fr )

L’Odyssée des livres sauvés embarque le visiteur dans un périple à travers les continents et les siècles : le premier espace s’intéresse aux livres frappés – par la foudre, l’inondation, des livres volés, oubliés et qui connaissent une véritable renaissance grâce à des personnages inattendus comme José Alberto Gutierrez, un éboueur de Bogota qui sauvera des ordures plus de 25000 livres.
L’exposition nous emmène ensuite sur les traces des livres censurés, détruits parce qu’ils dérangent ou encore spoliés, dispersés pour terminer sur une note d’espoir avec ces livres qui sauvent, ces livres-talismans.
La richesse de cette invitation au voyage tient à la grande diversité des cinquante documents présentés par Joseph Belletante, le directeur du musée, et son assistante Bernadette Moglia: des ouvrages précieux dévoilés ici pour la première fois côtoient des histoires singulières ou insolites. On est ému par la bibliothèque errante de Walter Benjamin, véritable prolongement de son corps et présence vitale. On rêve d’être immortel pour découvrir en 2114 le manuscrit de Margaret Atwood enfoui en 2014 dans la bibliothèque du futur inventée par la norvégienne Katie Paterson.

BibliOdyssées, le magnifique livre qui accompagne l’exposition ( et qui consolera ceux qui n’auraient pu la visiter ) est beaucoup plus qu’un catalogue comme le dit Anne Bresson-Lucas, son éditrice chez Actes Sud: ” Nous voulions un livre de foi et d’hommage. Hommage aux auteurs, aux lecteurs, aux libraires, aux bibliothécaires… et foi dans les livres à la fois sauvés et rédempteurs…” Et il est vrai que les textes inédits et insolites de Kamel Daoud et Raphaël Jerusalmy ouvrent encore au visiteur et au lecteur d’autres perspectives.

Laissons le dernier mot aux à ces milliers d’hommes et de femmes qui, parfois au péril de leur vie, ont sauvé des ouvrages si précieux qu’aujourd’hui, encore et toujours, ils nous font grandir, nous nourrissent, et à leur tour nous sauvent. Laissez les livres murmurer à votre oreille qu’ils seront toujours nos compagnons de liberté, tour à tour fragiles et forts, comme nous.

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