Heureux habitants de Lyon et des environs, l’exposition “Fêtes himalayennes, les derniers Kalash ” a commencé en fanfare au musée des confluences où 700 personnes se sont pressées le jour de l’inauguration !
C’est la lecture de “L’homme qui voulut être roi” de Rudyard Kipling qui intrigua suffisamment Jean-Yves Loude, Viviane Lièvre et Hervé Nègre pour qu’ils décident de se rendre chez les Kalash, dans ces vallées de l’Himalaya situées au nord-ouest du Pakistan .
Nous sommes en 1976. Le jeune trio-ils ont moins de trente ans- découvre, immédiatement fasciné, une société de l’oralité , structurée par le chamanisme. À la différence de leurs voisins musulmans, les Kalash sont polythéistes, cultivent la vigne et boivent du vin. Les femmes ne sont pas voilées et portent d’incroyables et lourdes coiffes de coquillages qui sont l’un des joyaux de cette magnifique exposition.
Pour permettre sa réalisation le trio a donné toutes ses archives : photos, films, enregistrements, costumes, bijoux … pour faire revivre ce peuple oublié et menacé qui tente dans un environnement difficile de préserver une culture pratiquée par moins de 3000 personnes.
La passion de Viviane, Jean-Yves et Hervé -qui ont passé deux ans chez les Kalash en huit séjours entre 1976 et 1990- est communicative, et le visiteur va de découverte en découverte dont certaines nous interrogent sur les valeurs de notre société : chez les Kalash on dit aux enfants :”Vous deviendrez des hommes glorieux si vous passez votre vie à amasser des biens pour les distribuer aux autres.” Un conte, lu par Jean-Yves Loude, nous apprend que dans des temps immémoriaux, l’Himalaya était recouvert de fromage blanc! Je vous laisse découvrir comment ce jardin d’Éden a laissé la place aux montagnes enneigées d’aujourd’hui.
Pour prolonger le plaisir de cette belle découverte nos trois ethnologues sont les héros d’une bande dessinée d’Hubert Maury avec un scénario de Jean-Yves qui intègre à merveille les photos de Viviane et d’Hervé .
Les malheureux habitants des autres départements français pourront découvrir cette BD à partir de janvier ( pour l’instant l’ouvrage qui porte le même titre que l’expo est vendu exclusivement au musée des Confluences) .
Il ne leur est pas interdit non plus de venir à Lyon d’ici le premier décembre 2019 découvrir l’exposition “Fêtes himalayennes, les derniers Kalash ” ainsi qu’une grande expo consacrée à Hugo Pratt, le génial inventeur de Corto Maltese, ce marin romantique pour qui la citation de Borges “Un gentleman ne peut s’intéresser qu’à des causes perdues” semble avoir été écrite.

Au siècle dernier, où ce kaléidoscope n’aurait jamais pu être envoyé à autant de personnes en quelques secondes, une fois la lettre terminée et signée , il était fréquent qu’on rajoute un Post-Scriptum et même parfois un P.P.-S. ( Post Post-Scriptum ) bien pratique pour éviter d’avoir à réécrire entièrement la missive. Aujourd’hui les traitements de textes ont rendu obsolètes ces remords. Mais je ne résiste pas à la nostalgie de terminer cet émile par un P.-S.

P.-S. Courez voir le dernier film de Pawel Pawlikowski Cold War, un film incandescent en noir et blanc, une histoire d’amour et d’exil, transfigurée par une musique autour de laquelle le film est construit. Vous n’oublierez jamais les visages et les corps de ce couple impossible formé par Zula et Wiktor.

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