Rien ne va plus: pas de kaléidoscope la semaine dernière… et celui que vous lisez en ce moment se pointe, en dépit de tous les usages, le vendredi. Tout fout l’camp, ma bonne dame!
On ne va pas se mentir, je ne suis pas certain de vous avoir trop manqué : je m’attendais à une avalanche d’émiles tous plus inquiets les uns que les autres de mon assourdissant silence. Que nenni ! Pas l’ombre d’un courriel de protestation ou de réclamation.
Comme vous ne réclamez pas d’explications, je m’en vais vous en donner: au moment où mon kaléidoscope aurait dû partir ce samedi matin j’étais sur mon vélo avec l’ami Daniel dans les Alpes : on ne peut pas être au four et au moulin, ou plutôt au col et au clavier.
Depuis quelque temps, La petite reine a le vent en poupe. Et si les escapades en montagne sont parfois douloureuses, comment ne pas s’émerveiller de cette sollicitation de tous nos sens. Dès le lever du soleil, c’est la sérénade des oiseaux. Oui, je sais, la sérénade évoque davantage la soirée mais le mot me plaît ! Ces chants sont vite couverts par le grondement perpétuel des torrents. Plus haut, c’est le murmure ou le chuchotis des ruisseaux et petites cascades, ponctué par les cris d’alarmes des marmottes qui s’aventurent parfois sur le bord du chemin. J’ai eu la chance, dans un col escarpé, de voir traverser devant ma roue, dans le silence de la montagne, une bondissante hermine dans sa livrée d’été, corps marron et bout de la queue noir. Moment magique qu’on aimerait pouvoir arrêter… mais c’est sa nature furtive qui en fait la beauté.
Les fleurs, elles au moins, se laissent admirer à loisir, et en juillet, c’est une explosion de couleurs sur les pentes verdoyantes : le rose des œillets, ou plutôt les nuances de rose, le bleu intense, éclatant et lumineux sous le soleil des gentianes printanières, le bleu pâle des discrets myosotis, le jaune du doronic ou de l’arnica et le blanc duveteux de la linaigrette qui a toujours les pieds dans l’eau…
Ces tapis éblouissants que les voitures, et les motos de plus en plus envahissantes, dédaignent le plus souvent, sont de véritables cadeaux offerts au cycliste et au marcheur.
Et puis l’incomparable bleu du ciel des montagnes, ces nuages blancs qui enrubannent les sommets à perte de vue. À la mesure de cet univers qui semble infini à l’horizon, on éprouve un sentiment de liberté… et de fierté à avoir réussi à surmonter les épreuves de l’ascension.
Et on mesure aussi dans cette immensité notre fragilité et celle d’une planète qu’il nous faut respecter et préserver pour que les générations présentes et futures puissent continuer à s’émerveiller.

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