J’ai consacré de nombreux kaléidoscopes à la nature, des chardonnerets aux coccinelles en passant par les libellules qui commencent depuis peu à se déconfiner sans oublier les coquelicots et autres fleurs dites sauvages. Hubert Reeves les salue de belle manière dans son herbier de Malicorne que vous pouvez retrouver sur son site: www.herbier-hubert-reeves.fr, et dans son livre “J’ai vu une fleur sauvage” évoqué dans mon 53ème kaléidoscope.
Mais j’ai finalement peu parlé du jardin qui occupe aujourd’hui une partie de la vie de mes semblables- certains redécouvrant son importance grâce au confinement- et de ma propre vie. ” Le jardin c’est la plus petite parcelle du monde et puis c’est la totalité du monde” écrivait Michel Foucault qu’on n’attendait pas forcément sur ce terrain, si je puis dire.
C’est la présentation de la belle revue Garden Lab dans le jardin d’Isabelle et Olivier ce samedi ensoleillé ( un poil trop!) de juillet qui me donne l’occasion de ce petit coup de projecteur sur notre mère nature: l’éditorial du numéro de printemps de Garden Lab ( qui ambitionne d’explorer les jardins de demain) rappelle que la vie et la survie de l’homme dépendent des espèces végétales. “Les plantes interviennent dans tous les aspects de notre quotidien – de la nourriture que nous mangeons aux vêtements que nous portons, aux matériaux que nous utilisons, à l’air que nous respirons, aux médicaments que nous prenons…” rappelle Kathy Willis du jardin botanique de Kew à Londres. Des propos que ne renieraient aucun des intervenants présents ce samedi et qu’on retrouve évidemment dans ce numéro de la revue intitulée [ÊTRE] BOTANISTE.
Gilles Deparis est le jeune directeur du jardin botanique de Lyon, au cœur du parc de la Tête d’Or, le plus grand parc urbain de France, créé au milieu du XIXE siècle pour “donner de la nature à ceux qui n’en ont pas”. Il veut que le jardin soit une plateforme d’innovation et d’observation, un voyage dans la biodiversité qui recrée du lien entre l’homme et le règne végétal qui ne cesse de nous émerveiller et de nous poser des questions.
À Vernioz, petit village à quelques jets de troncs d’arbres de Vienne, Christian Peyron, qui de son propre aveu, s’intéresse davantage au rugby qu’aux végétaux, se prend de passion au début des années 80, pour les arbres. Sur un terrain de 6 hectares, sans clôture ni haie, ouvert gratuitement au public 365 jours par an, Christian Peyron plante plus de 1000 arbres au fil de ces quarante années : c’est un festival de couleurs en toutes saisons et les écorces multicolores des bouleaux qui nous accueillent à l’entrée du jardin du Bois-Marquis sont un émerveillement. J’aime particulièrement la palette de l’automne avec le rougeoiement des feuilles d’érables et les cornouillers qui se reflètent dans les étangs sous l’œil indifférent de splendides canards.
La revue nous emmène aussi de côté de Victor Hugo et de l’Herbarium hugonense, inventaire des plantes citées dans son œuvre. Jean-Baptiste Hugo, son arrière-petit-fils est présent pour nous en parler et présenter les admirables peintures de son père Jean Hugo: ” Ses tableaux sont très allégoriques, il représentait son monde, celui dans lequel l’homme vivait en harmonie avec la nature.” écrit Jean-Baptiste qui nous dit que le beau est aussi utile que l’utile, un peu plus même !
Ce kaléidoscope n’épuisera pas la diversité de ce numéro 9 de Garden Lab -en vente à Lucioles et dans toutes les autres bonnes librairies- où l’on retrouvera aussi avec bonheur Francis Hallé et Patrick Blanc pour une plongée dans le génie végétal.
Si vous passez du côté de Belle-Île en Mer, ne manquez pas le jardin de Michel Damblant qu’il vous fait visiter avec passion. S’y côtoient des fleurs du monde entier dans ce véritable jardin d’Eden que la revue nous incite à découvrir. Et pour aller plus loin, si l’on peut dire, le livre “Le tour du monde dans son jardin, plantes voyageuses et explorateurs” avec ses planches botaniques originales et ses 600 photographies est fait pour vous.

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