Pierre de Marbeuf, ce nom ne vous dit rien ? Contemporain de Descartes avec qui il a fait des études de droit, il est beaucoup moins connu que les poètes de la Pléiade , Ronsard et du Bellay.
Et pourtant, sa poésie mérite un petit détour, même si elle résonne étrangement à nos oreilles avec ses accents baroques. Baroque? Vous avez dit baroque? Il est vrai qu’on connaît mieux la musique baroque, la sculpture ou l’architecture baroque.
Ce qui caractérise la poésie baroque, c’est sa capacité à susciter des images sinueuses et ondoyantes, en utilisant abondamment métaphores et comparaisons. Et à ce titre l’eau est une matière privilégiée, propre aux métamorphoses, aux reflets et aux miroitements.
En ce printemps des poètes, sortons un peu de l’ombre la poésie de Marbeuf !

Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

Et pour continuer à filer la métaphore aquatique, cette citation de Derek Walcott ( dont je crains qu’il ne soit pas plus célèbre que Marbeuf, malgré le prix Nobel de littérature qui lui a été décerné en 1992):

“La poésie est comme la sueur de la perfection mais elle doit paraître aussi fraîche que les gouttes de pluie sur le front d’une statue.”

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