Robert Doisneau ? Henri Cartier-Bresson ? Raymond Depardon ? Willy Ronis ? Ces noms ne vous sont évidemment pas inconnus. Et Vivian Maier ? On ignore l’œuvre de cette artiste qui n’a pourtant rien à envier à ces noms prestigieux… sans jamais avoir exposé ses photographies.
Gaëlle Josse a été fascinée par le destin de cette femme née aux USA en 1926 d’une mère française et d’un père autrichien au point de lui consacrer son tout dernier livre Une femme en contre-jour.
Il s’en est fallu de peu qu’on ignore à tout jamais l’œuvre de cette femme taciturne et solitaire qui a été pendant plus de quarante ans gouvernante ou bonne à tout faire … et qui n’a jamais cessé de prendre des photos. Et quelles photos !
“Chez Vivian Maier, il y a la crasse de la rue, la saleté des vêtements tachés, déchirés, il y a des chaussures trouées et des enfants qui jouent dans le caniveau. Des femmes épuisées et des hommes à terre. Et aucune tendre nostalgie à la Doisneau, avec ses gamins rêveurs sur les bancs d’école. Nous sommes dans un réel saisi de face, de front, sans embellissement aucun.”
Et pourtant Vivian Maier n’a jamais appris. Comment s’y prend-elle pour avoir ce sens absolu du cadrage? Ce sens de la mise en scène de la rue?
Le livre de Gaëlle Josse tente de percer le mystère de cette femme qui va passer sa vie à s’effacer, à se dissoudre presque: “Son travail se focalise sur les visages, le portrait, et sur les exclus, les pauvres, les abandonnés du rêve américain, les travailleurs harassés, les infirmes, les femmes épuisées, les enfants mal débarbouillés, les sans domicile fixe.(…) Vivian est prête à capter l’insaisissable. L’éphémère. Saisir la lumière des choses avant qu’elle ne s’efface, selon le mot du poète Bashō, le maître du haïku.”
Une femme en contre-jour est dédié à ceux qui ne “sont” rien. Ces gens de peu qu’a si bien décrit Pierre Sansot. Et nous sommes reconnaissants à Gaëlle Josse de nous révéler cette grande artiste méconnue, cet esprit libre. Sans négliger sa part d’ombre. La romancière s’est penchée ” au-dessus du gouffre d’une vie.” Elle a tenté de ” déchiffrer un destin dans ses contre-jours, dans ses détours, dans ses possibles et ses points de suspension.”
Cette œuvre littéraire fait pénétrer le lecteur au cœur de l’urgence créatrice. Et nous avons envie de poursuivre le voyage en allant sur le site de John Maloof -www.vivianmaier.com – l’homme qui a découvert par hasard en 2007 ce trésor, plus de 100 000 négatifs dont la plupart n’avaient pas été développés.

L’an dernier, au Festival Lumière, nous avions eu la chance de voir un des premiers films d’Henri Decoin réalisé en 1939. Battement de cœur est une petite merveille ! Les dialogues sont étincelants et drôles. Tous les acteurs sont formidables. Saturnin Fabre en professeur de vol à la tire est impayable. Danielle Darrieux, dans l’éclat de ses vingt ans, est irrésistible!
Réjouissez-vous . Le film passe sur Arte, ce lundi 11 mars, et toute la soirée est consacrée à cette grande actrice : à vos cassettes ! Comme on disait au siècle dernier!

Et ne manquez pas non plus ce dimanche 10 mars sur France 5 le documentaire de Delphine Minoui inspiré de son livre Les passeurs de livres de Daraya.
Daraya, la bibliothèque sous les bombes nous montre une autre image de la Syrie, avec ces jeunes activistes pacifistes qui prennent conscience du pouvoir des livres et de la puissance de la littérature.

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